Événement passé

08 mai 2025

Cinema Iride

18:00

Afin de rapprocher le public des deux chefs-d'œuvre qui composent le diptyque lyrique La voix humaine et Cavalleria rusticana, la LAC propose un festival de films en collaboration avec le Cinéma IRIDE de Lugano. Une occasion d'explorer, à travers le langage cinématographique, les thèmes universels de l'amour, de la solitude et de l'abandon qui traversent les deux opéras.

Le premier événement du festival est consacré aux transpositions cinématographiques du célèbre monologue La voix humaine, écrit par Jean Cocteau en 1930 et devenu au fil du temps un texte emblématique pour les actrices et les metteurs en scène. Le monologue, centré sur le dernier appel téléphonique déchirant d'une femme à l'homme qui l'a quittée, a inspiré plusieurs réinterprétations à l'écran au fil des décennies, chacune capable de capturer différentes nuances de l'univers émotionnel de la protagoniste.

Nous commençons par Una voce umana (1948), le premier épisode du film L'amore de Roberto Rossellini. Avec une extraordinaire Anna Magnani - qui obtiendra le Ruban d'argent de la meilleure actrice pour ce rôle -, la version de Rossellini s'inscrit dans le sillon du néoréalisme italien, donnant au texte de Cocteau une âme profondément populaire et authentique. Situé dans un espace domestique essentiel, le film repose entièrement sur la force expressive de l'actrice, qui donne voix et corps à une femme déchirée par le désespoir, mais qui s'accroche avec ténacité à l'amour perdu.

Nous poursuivons avec Voce umana (2014), réalisé par Edoardo Ponti et interprété en napolitain par Sophia Loren, avec une adaptation textuelle d'Erri De Luca. Présenté au Tribeca Film Festival et au Festival de Cannes en 2014, ce court-métrage d'une grande intensité marque le retour de l'actrice oscarisée sur les plateaux de tournage après de nombreuses années et constitue un acte d'amour envers sa carrière et la tradition du cinéma italien. Dans un Naples silencieux, presque métaphysique, Loren incarne une femme mûre confrontée à l'abandon avec dignité, douleur et souvenirs. La mise en scène intimiste et mesurée de Ponti donne une lecture douloureuse et touchante du texte, en l'actualisant avec grâce.

Enfin, le festival présente La voix humaine (2020) de Pedro Almodóvar, une version audacieuse et chromatiquement explosive avec une Tilda Swinton magnétique. Pour son premier film en anglais, le réalisateur espagnol transpose le monologue dans un univers stylisé et théâtral, chargé de symbolisme et de couleurs saturées, donnant à l'histoire une dimension presque onirique. La protagoniste, dans un espace à la fois plat et cinématographique, vit sa souffrance entre artifice et vérité, entre mélodrame et lucidité. Avec cette réinterprétation, Almodóvar transforme le texte de Cocteau en une réflexion sur l'identité, l'abandon et le pouvoir de la représentation.

Trois visions, trois poétiques différentes, unies par le désir d'explorer l'âme féminine au moment de sa plus grande fragilité, en rendant hommage à un texte qui continue à parler avec force et pertinence même aux sensibilités contemporaines.

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La projection est précédée d'une discussion approfondie avec le journaliste et critique de cinéma Lorenzo Buccella.

Né à Lugano en 1974, il est journaliste, critique de cinéma et écrivain. Il travaille pour RSI-Televisione Svizzera. Depuis 2022, il est auteur et présentateur du magazine culturel Cliché. Auparavant, il a réalisé plusieurs documentaires(Sorelle d'Italia, Vendesi Sicurezza, Bill Barazetti : un dilemma svizzero) et écrit des pièces de théâtre(La ballata dei matti, La Signora sporca). Il a publié deux livres sur le festival de Locarno(Locarno On/Off, Casagrande, 2022, Forever Young, 2014), des monographies pour la Cineteca di Bologna, des nouvelles et des poèmes pour Lupetti Editore, Marcos & Marcos, Mobydick, Iceberg.

Programme

Une voix humaine (épisode 1 de L'amore)
Roberto Rossellini, 1948, 30'

La voix humaine
Edoardo Ponti, 2014, 25'

La voix humaine
Pedro Almodóvar, 2020, 30

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